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Full text of "Figaro illustré"

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voyant si dignes, si élégants et si curi-ects, ou se deniandc s’ils se préoccupent de leur coinrc gigantc'siiue ou s'ils ne sont pas plus tiers de porter le costume à G!) fr. â<) du Maitre 
lligli Life l'ailor, dont les magasins de la riu' lîiclielicu. lié, au Boulevard, feront une si rude concui-rencc aux Balais du (.'liamp-dc-Mai-s et du Ti-ocadéro. 




















































































































































































Dix-huitième année 


±900 


Deuxieme série 


I2I C 


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— 49 — 


XII. 


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L ’KxfosmoN universelle ei iniernaiionale de ujoo ouvrira 
ses portes, ainsi (.ju'il a été décrété dès 1894, en ce mois 
d’avril. I.oin d'être en retard, les organisateurs seront 
même en avance sur leurs prévisions. C'/est le 1 5 avril que 
devait s'ouvrir l’Kxpcjsition de iqoo, penir prendre fin le 3 no¬ 
vembre. Or, rinauguraiion solennelle aura lieu le samedi 14. 
léspérons que la date de la fermeture sera reculée comtne a été 
avancée la date de l'ouverture et qu’elle sera reculée de plus de 
vingt-quatre heures. 

Paris vient, en etfet, de subir un hiver, sinon frtnd, du moins 
tellement pluvieux, que le Printemps, l’b'té et l'Automne lui doi¬ 
vent une compensation. 

L'I'Pxposition de 1889 a joui, pendant le cours de sa trop 
brève existence, d'une température idéale, exceptionnelle. Pas 
un nuage n'est venu ternir l’éclat de ses splendeurs et, si elle a 
été au Cours tle ce siècle la 
fête la plus favorisée, l'etfort 
gigantesque que vient de faire 
rivxposiiion de i()oo pour 
accumuler sur les deux rives 
de la Seine, depuis la place 
de la Concorde jusqu'aux 
confins de (î rend le, les attrac¬ 
tions les plus extraordinaires 
que l'on ait encore réunies, 
lui (.lonne tous les droits à ce 
traitement de faveur que le 
soleil a réservé aux joies in¬ 
ternationales tle I 88(). 

('.e n'est pas seulement une 
vaste bermesse i]ue le génie 
lie M. Picaril a conçue, c’est 
une complète revue tle tous 
les progrès accomplis par 
l’esprit humain. 

La classification imaginée 
par lui et t]ui consiste dans 
l’étalage rétrospectif des con- 
i|uêtes humaines, dans l'exhi¬ 
bition des produits dont nous 
usons et dans la fabrication 
desdiis produits sous l’teil du 
laïi]ue, cotisiitue une pensée 
neuveei une pensée haute, l.es 
Ifxposiiitms de i 853 ,de i8t)7, 
de 1878 et de 1880 ont été des 
soletinités majestuettses, utiles 
et gaies, particulièrement cel¬ 
les de i 833 et de 18Ô7. mais 
1900 a prolité des expériences 
faites; il a voulu faire mieux 
et il a fait mieux. Réussira- 
t-il autant r ('/est ce que mjus 
discuterons tout à riieure. 

Lorsque l'on monte sur la 
plate-forme de la 'l’our Kitfel, 
t]ui se dresse au-dessus des 
CO ri s t r U c i i O ti s i n n O m b ra b 1 e s e t 
ilue l'ieil embrasse tout ce qui 
a été édifié par la fantaisie des 



t HANÇOIS KI.AMKN’G. — ktudk i»oih 
tif'iiri-'i (I(‘ M. (',li:i|)liiiii, de 


architectes, on demeure ébloui. On rend tout d abord justice 
au respect que M. Picard et son collaborateur principal, 
.M. P)Ouvard, ont montré pour les puissantes conceptions de ce 
grand Français qui a nom Oubriel et qui, dès la fin du dernier 
siècle, avait projeté de faire, des 'ruileries au pont de Neuilly, 
la plus magnifique percée qu'il y ait au monde, en la coupant, à 
la hauteur des jardins Beaujon, par les deux bras d’une croix, 
dont Fun avait à son extrétnité la coupole des Invalides et 
l'autre le parc Monceau. Hélas ! depuis, la partie à droite 
des (’.hamps-lÂlvsées a été envahie par la maladie de la pierre, 
et il faudra bien des opérations cystotomiques pour remédier au 
mal et la débarrasser des calculs qu'y ont accumulés les entre¬ 
preneurs de bâtisses. Dans la partie gauche, si le second lémpire 
a obstrué, avec le Palais de l'Industrie, le carré .Marigny, on ne 
saurait lui en faire un reproche, son intention première n'étant 

que de mettre là un abri pro¬ 
visoire. 

.-Vujourd'hui cet abri, lon¬ 
guement utilisé, a disparu, et 
l'avenue se déroule entre le 
Petit Paliiis et le CL'and 
Palais jusqu'au pont Alexan¬ 
dre 111, qui lui fait franchir 
la Seine pour la conduire, 
comme le voulait (îabriel. au 
pied du chef-d'teuvre de 
-Mansart. 

Le rétrécissement produit 
sur rifsplanade par le rap¬ 
prochement des constructions 
ilisparaitra au lentlemain de 
l'Fxposition de 1 ()oo. 

Ln attendant ce dégage¬ 
ment, M. Stéphane Dervillé, 
directeur de la section fran¬ 
çaise, l'un des hommes les 
plus charmants et les plus 
avisés de notre temps, un 
artiste véritable — ils sont 
rares — a su, derrière le 
rideau nurembergeois des fa¬ 
çades bizarres trop rappro¬ 
chées, disposer, sous les 
tjuinconces de l'LspIanade, 
des installaiic^ns tl'iin goût 
parfait, d une variété amu¬ 
sante, empruntées aux souve¬ 
nirs de nos vieilles pro\inces 
françaises. Secondé par M. 
Mazure, il a su, sans déranger 
un arbre, arranger les décors 
les plus séduisants qui se 
puissent imaginer, lù, si sous 
la première partie de l'iés- 
planade des Invalides on en¬ 
tend gronder les machines 
de la (compagnie des chemins 
eie ter de l'Ouest, on ne sau- 
► ''^Tit lui en faire un reproche, 
pas plus qu'tm ne peut lui 


I.A niiCORArloN I,,.; ,.A SAU.!-: Dtîs FKTUS 
-M. liiiiivurcl et de M. H.iiiliii 


- -■'O - 














FIGARO JLLFSTRE 


75 


reprocher d'avoir laissé celle même Compaifiiie des chemins de 
fer de l’Ouesl planier, devant le Ministère des Ati'aires éiran- 
gères. le déplorable bâiimeni de sa gare. 

Qu’v aura-i-il dans les galeries de l’Ksplanade des Invalides, 
sous ces innombrables clochetons? (Certainement les exhibitions 


les plus intéressantes qui se puissent imaginer. M. (Carnot y 
dispose, comme au (Champ-de-Mars. les musées centennaux, et 
l'on sait que la tradition des (Carnot est d'organiser la victoire. 
Puis les ans décoratifs s’y installeront et ce ne seront pas les 
moindres curiosités que présentera le groupe XI 1 avec la déco- 



François Flameng, dr.l. 


M. lîOrVARI), i)IRi:CTKrR dk i/archh ecturk, dks parcs et jardins et du service des kètks 


ration et le mobilier des édifices publics et des habitations, et le 
groupe XV des industries diverses. 

* 

» ♦ 

Du haut de la 'Four Eiffel, deux choses me frappent dans 
cette portion de l’Exposition de 1900, c'est, tout d'abord, la place 


que tiennent ces vieux canons des Invalides, objets d’an d un 
goût supérieur, auprès desquels notre modeste artillerie, si grand 
que soit son mépris pour les vieilles formes et les vieilles pra¬ 
tiques, ferait piètre ligure, .le parle, bien entendu, comme Bri- 
doison, de la forme, puis la grande arche du pont Alexandre 111 , de 
près de cent ntètres d’ouverture, qui franchit la Seine d'un seul jet. 



























FIGARO ILLUSTRE 


76 




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KNTMl'jK l'Alt I. A\|:MI' DI-: I.A liOUH DO N A IS 


PALAIS 1)1-: I. KLKCTniCH H 

VU!'. cÊ.sÈitAi.i-: DE i.Exrnsrno.y de idoo au 


,1c cüiilcsse ma prcdilcciion pour l'emploi du (cr, qui est 
destiné à transformer l’architecture de 1 avenir, et je n hésite 
pas à dire que je regrette que l’Exposition de 1900 ne soit pas 
plus largement entrée dans la voie que lui avaient tracée les 
Expositions précédentes. 

Mais c’est là une simple réserve qui a, sans doute, une expli¬ 
cation excellente. 

(]’est un véritable tour de lorce de la part de M. Alfred l^icard 
et de ses collaborateurs, MM. Koux et Delaunay-Belleville, 
d’avoir pu accumuler sur le versant du 'l'rocadéro non seule¬ 
ment les expositions coloniales iranqaises et étrangères, et 
d’avoir disposé sur le quai d’Orsay, à droite du pont de l’.Mma, 
la masse réjouissante en ses lignes et en sa coloration, des pavil¬ 
lons étrangers. Plusieurs de ces pavillons ont dû venir el'Heurer 
les bases de la 'four ICilfel ; d’autres, comme ceux de la Russie 
et de la (^hine, ont très heureusement pris place sur ce même 
'l’rocadéro, au milieu des installations 
exotiques, où l’imagination des artistes 
s’est donné libre carrière. 

'Tout cela 

des esprits chagrins, 
le quai d’Orsay, par le 
des Moulineaux, par les 
les trottoirs électriques superposés, a eu 
sa place mesurée. D’accord. Mais il 
n’est rien qui n’ait trouvé l’espace 
voulu pour exhiber ses produits et 
installer la traction nécessaire. De quoi 
se plaint-on alors ? 

On a si peu de motifs de se plaindre, 
que M. .'\lfred Picard, en multipliant 
les movens de communication, en pro¬ 
diguant les passerelles, en secondant 
de tout son pouvoir l’établissement du 
métropolitain, le prolongement de la 
ligne d’Orléans jusqu’au quai d’Orsay, 
a fait preuve d'une rare prévoyance. 

Depuis qu’il a été investi des fonc¬ 
tions de commissaire général. M. .Alfred 
Picard a vu passer bien des ministres à 
la rue de Grenelle. 11 n’a pas toujours 
eu à se louer de l’activité de quelques-uns d'entre eux. 11 en est 
qui lui ont fait attendre non seulement les signatures à apposer 
au pied des décrets utiles, mais qui ont ajourné la promulgation 
de ces décrets. II demeure seul responsable des retards que peut 


épianiver l’installation définitive de ri''.xposition de 1900 a 
la date fixée. En réalité, cette responsabilité ne lui appartient 
pas. 

Lorsque j'étais, l’autre jour, sur la Tour léitfel, contemplant 
le gâchis du Champ-de-Mars, admirant l'activité que déploient 
les architectes et les jardiniers de la Mlle pour remédier à ce 
gâchis, je me faisais cette réflexion que tout le monde se fera 
le 14 avril, c’est que, si tant de bonnes volontés n’avaient pas été 
entravées, retardées par l’accomplissement des formalités admi¬ 
nistratives qui font tant de mal à notre pays, le soleil aurait 
éclairé, le 14 avril, l’Exposition de 1900 complètement ache¬ 
vée, malgré les intempéries de la saison que nous venons de 
traverser. 

Certes, je suis loin de tout louer dans ce qui a été fait et dans 
ce qui n’a pas été fait. Ttnit en admirant la Salle des Fêtes, 
enchâssée dans la Galerie des Machines, le Château d’eau et le 

Château du feu, qui forment avant- 
corps, j’aurais voulu voir conserver à 
l’teuvre de M. Dutert et de M. Condamin 
leur unité de conception. .le regrette 
surtout le morcellement de la Galerie 
des Machines, et, dussé-je adntirer les 
cidreries, moulins à vent, moulins à 
eau, laiteries hygiéniques, chocolate¬ 
ries, vignobles du Bordelais, de la 
Bourgogne et de la Champagne, sous 
l’immense couverture en fer, je déplo¬ 
rerai de ne pas voir toutes ces attrac¬ 
tions. dont l’installation fait honneur à 
M. Dervillé, dans les champs de Vin- 
cennes plutôt que sous l’abri que les 
Salons annuels avaient déjà, depuis quel¬ 
ques années, pris l’habitude de mor¬ 
celer. 

Sans contester la dépense de talent 
de M. Hermant, je songe au charme de 
l’a'uvre de M. Formigé en i88(). 

Quel poète que cet artiste exquis et 
comme il y avait plaisir à traceravec lui, 
en 1889, les stances inoubliables de 
rifxposition centennale de l’art français! 
bu, a ce propos, qu'il me soit permis d’exprimer un regret. 
L Exposition de 1900 a fait à chacun sa place, aux artistes, aux 
musiciens, aux industriels, aux usiniers, à toutes les manifesta¬ 
tions de la pensée humaine, sauf à l’une d’elles, à la poésie. Les 


est un peu serré, au dire 
La circulation sur 
chemin de fer 
tramways, par 



.A.MKXCr. — UKCOUMIOS DK LA SALI K DKS FKTKS 

Elude ptutr la figure de M. lUtiiUii 

















FIGARO ILLUSTRE 


/ / 



I!.NTlU;i-: TAU I.’A VK.NL'H DK SL'I'KItK.N 


t II ÀM l'-llIC-M A HS , Aiinni'i'lli' dü.M. Holli):iiiur). 


scrviicurs du Protocole, qui préparent rinauguration solennelle 
du 14 avril, avaient eu, le 3 octobre 1896, la pensée géniale de 
convier les poêles à l'inauguration du pont Alexandre 111 . 

Pourquoi, lorsque le Président de la République viendra, 
le 14 avril, au seuil de l’Exposition, sur la place de la Concorde, 
ne pas faire appel aux poètes pour célébrer les niagniticences 
qui vont se dérouler devant lui? 

Jamais la France n’a mieux parlé la langue des dieux, qui est 
en même temps la langue des humbles, et si triomphante que 
puisse être la prose oHicielle,ce serait unspectacle vraiment beau 
que de voir accueillir le chef de l’Etat, le 14 avril igoo, comme 
a été accueilli, le 5 octobre 1896, l’hoie auguste de la France. 

Je sais bien que la plus grande partie de l’Exposition est 
vouée à disparaître au lendemain des fêtes de 1900. Mais il en 
restera assez pour que l’on célèbre le caractère nouveau de ce qui 
vient d'être fait, pour que l'on glorifie les vertus de ceux qui sont 
demeurés à la hauteur de la lourde tâche qui leur était imposée. 

Pour moi, si j'avais à dire tout le bien que l'on doit penser de 


l’Exposition de 1900, je ferais tout d'abord la part de l'organisa¬ 
teur en chef, M. .Mfred Picard. Je dirais que l'art des horticul¬ 
teurs de la ville de Paris est sans égal ; que M. Giraud a construit, 
en élevant son Petit Palais, une merveille dégoût et de justes pro¬ 
portions; que MM. Resal et Alby sont des constructeurs de génie, 
MM.Cassien Bernard et Cousin des architectes de premier ordre, 
et qu'il faut tenir compte à MM. Deglane, Louvet et 1 homas de la 
dillicultéqu'ils ont eue à établir, pour le Grand Palais, des profils 
plaisants. Je n'aurais garde d'oublier la tentative hardie de M. Binet, 
et, quant à la disposition des couvres d’art dans le Grand Palais, 
je ferais toutes les réserves que doivent faire ceux qui ont gaidé le 
souvenir des Expositions de i 855 , de 1867, et de 1889, si claires, 
si simples et si grandes. Je glisserais volontiers sur larue de Paiis 
pour m'attarder dans la rue des Nations, si grande que soit la 
difliculié de contempler à l'aise les trésors que 1 on y attend, 
tant on y a multiplié les enveloppes qui les doivent contenir. 
Je déplorerais, peut-êt re, ccnnme on 1 a déploré en 1889. le main¬ 
tien du ventre du Palais du Trocadéro, qu il eût été facile 
d'ouvrir pour y installer, au sortir du brouhaha de 1 exposition 
coloniale, une salle de repos et une salle vraiment propre aux 
belles harmonies. 

Mais, s'il est de tradition française d'honorer par la poésie les 
grandes transformations de Paris, si personne na oublié la 
belle Ode aux bâtiments du Louvre, on ne saurait méconnaître 
que la langue du Parnasse se prête mal aux critiques, qu elle 
aime par-dessus tout la louange, et le mieux, puisque 1 on n a 
pas pensé aux poètes, est de descendre prosaïquement des som¬ 


mets de la Tour Eitfel, et, après avoir jeté un regard sur ce 
merveilleux horizon que ferment les coteaux de Meudon, de 
tracer un simple guide du visiteur à l'Exposition de igoo, au 
milieu des merveilles qu’il lui sera réservé de voir par un jeu de 
tickets en apparence très compliqué et au tond très simple. 

Si l’on veut bien me suivre docilement, entrons, non point 
par la porte de M. Binet, sur la place de la Concorde, mais par 
l’avenue des Champs-Elysées. Le métropolitain, qui aura la une 
station, ne peut encore nous y transporter, mais, comme les 
movens de locomotion sont innombrables, prenons une simple 
vetiture de place, et, le coupe-file aidant, nous arrivons a 1 amorce 
de l’ancien carré Marigny. .V gauche, voici le Petit Palais de 
M. Giraud, qui abritera les objets d’art depuis les origines du 
monde jusqu’à 1800. .\ droite, le Grand Palais, dont la construc¬ 
tion a été confiée à MM. Deglane, Louvet et 1 homas. Dans 1 in¬ 
térieur de ce Grand Palais, nous trouverons la suite de l’expo¬ 
sition des objets d’art, de 1800 à 1900, disposés dans des 
encadrements reproduisant les styles des dilJérentes phases du 
siècle. .X côté de ces restitutions ingénieuses et depuis si long¬ 
temps réclamées, le Grand IMlais logera les expositions décen¬ 
nales françaises et étrangères : en d'autres termes, les dernières 
nouveautés de la saison, peut-être plus vieilles pour la plupart 
que certains chefs-d’œuvre de l'exposition ceniennale qui ont ce 
privilège, dans leur sincérité, de demeurer éternellement jeunes. 
Les hommes de cheval feront bien de ne pas chercher dans le 
Grand Palais, la piste du Concours hippique. IGle ne sera 
ouverte, ainsi que la salle des auditions musicales, qu'au len¬ 
demain de rifxposition de 1900. 

Fin suivant le Cours-la-Reine sans traverser le pont Alexan¬ 
dre III, on rencontre le Pavillon de la ville de Paris, qui ouvre 
la rue de i^aris, précédant les serres où les horticulteurs expo¬ 
seront les fleurs et les plantes rares, puis la foule des exhibitions 
particulières, une véritable foire de Neuilly, qui prend fin au 
Palais des Congrès, que l'architecte Mewès a fait clair, simple, 
avec de larges baies qui indiquent bien sa destination. De l’autre 
côté du pont de l'Alma, le Vieux Paris ; puis l'exposition des 
yachts. Laissons de ctïté la passerelle qui pourrait nous conduire 
au Champ-de-Mars et jetons un coup d’œil sur les installations 
coloniales, sur l’Algérie, la Punisie, les Indes anglaises, le pavil¬ 
lon du Transvaal, les Indes néerlandaises, la merveilleuse expo¬ 
sition russe, la non moins attrayante exposition de la Chine. 
Considérons un instant les travaux auxquels procède, derrière 
son vitrage, M. Le Myre de X'illers pour les objets de colonisa¬ 
tion; ne descendons pas encore dans l'exposition souterraine, 
demeurons dans le vaste cirque édifié par M. Grosclaude en 


— Da — 


0 


\1I. 11—8 








FIGARO ILLUSTRE 



Clirhr i'arlt' i/»* Mniihourÿ. 


I.H CMAMI*-I»K-MAnS 

(An IVukI le PalîU'< de rKlcclrieilé et !<• Ch;H(‘îni (ri‘;ni : pins loin, la OaliTie cl<'s Marhinns) 


t • 



Cltihe Cafff de Mazihourÿ 


^ ^ ..K THOCA.,Û,0 Kr ..KS KX,.OMTl,.NS (;o..OMAU:s 


VUES ('.HNKRALKS DE L'EXPOSITION LNlVERSEllE 

PR.SKS, Al- 3 l MARS 1900 , I>K LA PREM.KRK PLATK-KOUMK DL LA TO^R K.KKKL 


H — 














































Fl G .1 R O ILL US TRE 


79 


l’iionncur Je MaJagascal' ; ne JéJaignoiis pas Fachoda, et M. (Fis- 
icllaiii. Jvmrons, pour y retrouver un repos salutaire, dans ces 
merveilleuses galeries du 'Procadéro. où M. de Baudot, délégué 


par la (Commission des Monuments historiques, a complété la 
série des moulages par des modèles démontables des principaux 
édiliecs de la l-’rance. Saluons le poète Haraucourt, successeur de 






Br~' ji ’ÜF' iii 



BÜI^; Æl 



lAl' 











CHt'hè i'.ttrï,’ f/#» Mazilfour^. 


l'.VLAlS l>KS INOrSTlUBS DlVKUSHS 

\'iie prise tk* la Mallcrir Trioinplialu (Uùlcl tien luK’alida:} 




Geoffroy de Chaume et de Viollet-le-Duc, qui a dans M. Pou- 
zadoux un collaborateur des plus artistes, que le budget n'assisic 
pas dans la mesure où il le devrait. Kn voici assez pour un jour. 
Car il ne faut pas s’imaginer qu'en douze Iteures on verra l’JC.x- 


position entière — ni même en ?louze jours. (ff:)ur en prendre 
une idée, il faudra beaucoup de temps et beaucoup de tickets, 
et le guide même aura parfois besoin de repos. 

ANTON 1 N PROU.S'r. 


— 55 — 























































SAI.Li; 1)KS FÈTKS. IlKCOIlATION UK M. KHANÇOIS t-1.A.MKM. 

1,'liidiistrie (VTio (l’mscinblft) 


La Décoration de la Salle des Fêtes 


EUG. COR MON — FR. FLÀMENG — ALB. MÂIGNAN— G. ROCHEGROSSE 


A U iTionient où ce numéro paraîtra, l’Exposition de iqoo 
sera ouverte. Dans la salle des fêtes, incrustée comme 
un joyau colossal au milieu de la nef immense des 
machines, l’inauguration officielle déroulera, parmi le 
ronronnement fastueux des discours, la pompe d’un cortège 
triomphal. Sous l’énorme coupole, où des flots de lumière, par 


une ouverture centrale, entreront, des messieurs en habit noir, 
chamarrés de grands cordons de toutes couleurs, feront des 
gestes que scanderont, de quart d’heure en quart d’heure, les 
mugissements rythmés des orchestres. Et dans l’enceinte, où 
fraterniseront des foules bariolées, on s’offrira des congratula¬ 
tions réciproques où rien de sincère, comme de coutume, n’en- 




' 4 

îr 


nwNcois n.AMKxr,. _ ktl-dks 


rocH 




HKCORATION DK ,.A SALLK DBS HKTES 










— 56 — 



































h'IGARO 1LLMSTRI-: 


8i 




liarnionie avec les 


irera. Voilà d'avance le programme. 11 se réalisera, n’en douiez 
pas, lidèlement. 

Emre temps, pour se délasser de l'ennui que les longs dis¬ 
cours des inauguraicurs leur causeront, les diplomates et les 
invités de marque des deux sexes regarderont la salle. Au-dessus 
des énormes piliers de fer, garnis de multicolores revêtements, 
et reliés, à vingt-huit ou trente mètres de hauteur, par de robustes 
arceaux, ils apercevront la coupole, hérissée 
d'un peuple de statues dont les blancheurs. 


Dans ce cadre à la fois doux et chaud, 
une large zone de compositions déco¬ 
ratives s’enchâssera. Immédiatement 
au-dessous de l'œil de verre qui termine 
à son sommet la coupole, MM.Fran- 

s'ois Flameng et Cormon, Maignan et Rochegrosse ont entrepris, 
en quatre morceaux séparés, la glorification de l’industrie, des 


c.lhhi' Clrynftll 


atténuées par l’or, formeront une paisible 
tonalités saumon clair de l’ensemble. 


rit.\NÇOIS t’I.AMENO. — niicuRAriON du i.a sai.i.k dus fiïtks. i-.vn.nk.vi: dk oaucuk 

Iniiii.ttrie.i de la Soie et de ta /.aine 


^7 


XII. IJ — 0 






























> 


/• V/',.-! KO IL] U S J'U i. 


I IIA ( I II- M l Ml.Mi i' H Kl. I til II I \ 1161.iili « I lii.> iill I t >• il I II |.l n I I I l.n 


ni \ Si I II- I I..V.M 11 S II, r 11 iiK l'in II I i uf I un i I ION lu-; 1 v vi 11. 111 ü 11 11- 





iibii'iiu isi i^iiiriik* t‘i iiL- .si'iublt.' |v.is iL-mrcr, ik- ptinu* iiburil, 
iliiris lis t'Diiiliiiiiiis ik* hi pi-i Ml II I (.' ik‘v '1 ira lise, mais mi se reiul 
aumpii*, apics un insiimi île iclk-siuii, i|iu' les peiniiircs, ilonii- 
iiéfs par 1111 plalmul liimiiieiis, leraîcni un l’inurasie par irnp 
brillai iivee lui si elles ne se leiiuiiiaieiu par les mues Iraicbes 
i l k ^ères irim i lel bleu parsemé vli‘i|uek|iies lej^ers iiuapes blaucs. 

Il lesulle, il esi vrai, île eelle ilispnsiiioii une ilillu’ullê île 

plus pmir les peiuues. ilblieJs, île jnir le juu^ramme, île s'iiiier- 

iliii' les eikts Je perspeoii\e l'apimaise ilmu remploi, ilaus la 

ileemaiiiiu l'umuie iliiiis la lapis.serie, permet Je varier Ja\aiuai;e 

les mmipes et vie les répartir en mmils pitiuresi|ues, ils se sotit 

vusviaus la néoessite ireutas.ser sur les 

premiers pl,ms la presipie totalité Je 

leurs persoiimif^es. l.eiir ailresse a Ju 

euusister à imet'i aler il.ms ees premiers 
consister a intercaler dans ces premieis 


<ii is 1 1 lies Si leiii es. (.luiiiin Je ees iiioii eau v a \iii{;i-.si\ iiuires 
Ji laif'e Mil siv seuleiiiiill Je bauieiil, et s’enleillle Jails un 
eiK'ilJleim ni I bailloiii lie Jolll les eliailLteilienisile jiri'i lion et les 
ioUiIhs lompeill la luolioioliie .les ^'l'iUiJes lif^iie*’ luu i/oiilales, 
l'oii I f^iirjei a I O' IIV 1 e Je I lui. pie peint l'e Sii pei son mil lté, l'ai cil i 
lei le a iniereali eiiiIe leiiis eomposiii.iiis .jutuie ^rauJs nie.lail- 
loiis ovab's en b.is-1 . liel, letiaiisses .le peiiiliiie et J'oi. Il les 
a .'Il meme temps aveiiis, pour rameiier a riiiiii.- leurs tiiivauv, 
ila.lopiei mil’ I i^ne .1 lioi i.oii .issee biisse. lu pall .le liel ainsi 


^ plans, pour les fractionner, le plus 

d'accessoires possible. Ils s'en sont 
tirés tous quatre à merveille. 

kntrons maintenant dans le détail de leurs 
compositions. 

H en est trois qui, par l'etfet général de couleur, ne 
ditîèrent pas sensiblement l'une de l'autre. Les scènes qu'elles 


Cd./..■ /.' •■nul, l'.lriiirM y l'«'. 

FIIANUOIS |■■|.\Ml■;^t■|. — Pl’s'.UR.lT ION tlK IA PILLE PI- ini- fANNEAL' PI. PRCllTK 

/.«•V Iniliistrief rhintiiinf.'! 


38 — 


• e- I 



























FIGARO ILLUSTRE 


So 




rcprcscnicni sc passcni louies dans le 
plein air. ou. loui au moins, au grand 
jour, l'ne lumieM-e à peu près pareille 
les éclaire, une aimosphère à peu près 
i d e n i i q u e tl o 11 e s U r e 11 e s. C e s O m 1 e s c O m - 
positions de MM. l-'lamcng, Maignan 
et Rochegrosse. Voyons quelles parti¬ 
cularités les distinguent. 

Le programme de .M. l-'rançois l-'la- 
meng comportait les industries de 
la soie, de la laine et du lil. les 
industries d'art décoratif, et en tin les 
indtistries chimiques. Tout cela n'a¬ 
vait rien de palpitant. Il y a mis 

pourtant une variété qui rend sa composition très vivante. 

Commençons par la gauche. Le tissage y est caractérisé par 

une femme assise à 
son métier qu'elle 
surveille. Sur les 
grands châssis de 
trame et de chai ne. 
dont elle vient d'ar- 
réte" le va-et-vient, 
elle porte un regard 
attentif'. Sans doute 
un (il s'est rompu. 


transporte une halle de colon; un se¬ 
cond. penché sur une cuve, y brasse 
tians la teinture les écheveaux de lils 
de laine. 

Pour les industries d'art décoratif, 
si nombreuses, il ne fallait pas songer, 
faute de place, à les rappeler d'une 
façon si précise (.lans le elctail de 1 exé¬ 
cution. b'Iameng les a caractérisées par 
leurs produits seulement, mais il les a 
présentées d'une façon fort habile. De¬ 
vant le commissaire général de l'içxpo- 



ou, dans la navette, 
u n d é r ange m e n t 
s’est produit. Prête 
à ré pa re r 1 e d ésa st r e. 
elle regarde, tandis 
ju'un employé au¬ 
près d'elle examine 
luxueuse étoile 
.]ui vient de sortir 
du métier. Sur une 
corde tendue, dans 
fond, des linges 
blancs, agités par la 
brise. voliigcMit ; 
c’est le blanchiment 
des toiles. Au pre¬ 
mier plan, un ou¬ 
vrier au torse nu 


siiion, M. Picard, dont la 
maigre silln)uette meuble le 
premier plan, et devant les 
collaborateurs du grand .Ma¬ 
nitou de la World's Foir, les 
architectes Rourard et Pau¬ 
lin. accompagnés du graveur 
en médailles Chaplain. olli- 
ciellement chargé de commé¬ 
morer leur (euvre. défile 
toute une théorie d'ouvriers 
des diverses corporations. 
Pétrisseurs de terre et mode¬ 
leurs de métal, céramistes, 
or t è \‘ r e s, s e r r u r i e r s d ' a r t. é b é - 
nistes. encadreurs, doreurs et 
maçons, tous, à tour de rôle, 
se présentent, et. sous l’ieil 
de l'ordonnateiii’ olliciel. loni 
passer les vases décorés au 
grand feu. les papiers peints, 
les bois sculptés, les reli¬ 
quaires. les bron/.es. etc. . . . 
La composition se termine, 
sur la droite, par un inté¬ 
rieur d'usine où mijotent, 
dans des alambics de verre 
que de grands tubes coudés 
relient entre eux. les poisons 
que la chimie moderr.e la- 
brique, que les industries de 
toutes sortes utilisent et que 
la médecine, en les dosant 
savamment, fait servir à notre 
guérison. 

Dans tout cela, aucun res¬ 
souvenir du passé, auctin 



r.Uil. r.OltMUN. — lUi ims riiuK i.v oiiciniviioN i>n i ' sai.i.i-. oK'? i-i'Tr-s 


— ?9 — 

























































«4 


fi(;aro illustre 



CH. MANICLICH. — DticoitATiON i-K i.a hai.i.k dh.s ki;:tks jh. uaHHAU. — dkcora ilo.v dk la sai.i.k i>i;s 

/.(’.« Arts /,.ç Industries 



emploi, meme moiléré, de.s formules aujourd'hui démodées ei 
banales, employées irop hjnjrtemps par l'an. Ni allégories préten¬ 
tieuses, ni symboles, mais de l'observation, de la vérité et delà vie. 
Des personnages parfaitement modernes retracés dans leurs occu¬ 
pations habituelles, stylisés tout au plus dans la juste mesure et. 
comme il convenait à une composition de ce genre, spirituelle¬ 
ment et linement racc(.)rdés dans une composition qui reste vraie, 
en dépit de ce qu'elle a d'arbitraire. On jugera, par les reproduc- 
t/ofis c/oftt cet artic/e s’accompagne, du mérite dont l'artiste a fait 
preuve et du rare talent qu'il va déployé. Le résultat 
n’a rieti, d'ailleurs, qui surprenne ceit.x qui ont vu les 
beaux ensembles décoratifs, hi Danse et le Drame 
antique, dont b'ranyois blameng a revêtu le 
grand escalier de l'Opéra-th)mii.|ue. Lien 


de plus heureux, là comme ici. que le mélange de fantaisie et 
de vérité, d’imagination et de piquante justesse qui caractérise 
avec tant d'originalité sa manière. 

ix‘ principe sur lequel s’est appuyé .VI. Flameng a également 
guidé .VI. .Maignan. On lui avait donné à retracer les travaux 
de la terre. 1 agriculture. l’horiiculturel. l'arboriculture. la 




viticulture et. accouplement assez bizarre, 
la pèche. 11 a rempli de la façon qui suit 
son programme. 


Et a. cohmon*. 


l>KCOItATION DK LA SALl.K DKS HKTES. 

ricrtruité 


PA.NNEAL de OAIC.IIB 






































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i--xiH)srnox umvhrshi.i/h dh 


] t)(){). 



U. liarcu, funx. 

1. ITALIK 


‘2. Tt'UyVIK 3. KTATS-fNIS 4. AL'TlUCEIIi 

d'amkhiüuk 


A. liOS.VIR- 

iikr/.koovink 


6. IIONGIUK 


I . anoi.ktkhriî 


8. HKi.c.iüfH 0. NonwKoi; 


10 . 


.vr.LKMAO.N'K 


11. KSPAONK 


12. MONAC.O 1.1. I INI.ANHK 
pliiii 


l'(. si;RDI-: 


!.■>. oui: ni-: 


16. nOPMAMI! 
(2” pllill) 


Ty}iofj>‘avtivi‘ iioiipil, Paris 
17. SKIUilH 


SUR LA SEINE. - LES PALAIS DES NATIONS 




















































































































# 




FIGARO ILLUSTRE 


S? 


Le ciel la lerrc et rcau. constituant les Oléments essentiels 
elti cadre dans lequel les motilsqtti lui étaient dévolus devaient 


naturellcnicni sc i^roupc-r, il les a réunis dans un pavsage nicdi- 
t(.rianécn. sune de promoninire d'où là vue s’étend au loin sur 



KU(i. r,( UtM* - - DKCORATION UK I.A SALLK DKS I-lh’KS. PANNKM’ ftl^NTHAl 
f.es Miocs et les Forges 


la nier. A la pointe de ce promontoire, sur une pente couronnée 
d'un hoLKjuet d'oliviers où jeunes gens et jeunes tilles, grimpés 
à même les branches, s'occupent activement de la cueillette, un 
pécheur vient d aborder, portant ses filets sur son dos. Des 


/' 


paniers placés à ses pieds renferment l'éblouissant étalage des 
Iruits de mer que son filet, au large, vient de cueillir : la dorade 
et le mulet, la langouste et la vulgaire rascasse y chatoient et du 
visqueux éclat de leurs écailles font une fête et un savoureux régal 
pour les veux. De colossales citrouilles, tout auprès, arrondissent 
leurs panses, que le soleil, avec une ardeur généreuse, a dorées. 

l’n peu plus loin, sur la droite, le promontoire s'élargit en 
plateau. On vient de faire la récolte du blé. comme l'atteste une 



moissonneuse-lieuse remisée, à quel¬ 
que distance, sur la lisière d'un 
petit bois. Tandis qu'une jeune 
femme, debout, mesure au boisseau 
e blé que. dans une aire voisine, on vient tle battre, 
une sectmde, à quelques pas d'elle, accroupie, se re¬ 
pose, une brassée de cardons dans les mains au milieu 
d'un tas de légumes amoncelés. Pour fêter cette journée produc¬ 
tive. les maîtres, en joveuses ttnleties. dans les tonds, se livrent aux 
douceurs d'un pique-nique oii l'on sable gaiement le champagne. 


.... IIÏTI.C PK DHOIIK 

lire,. nOll.MON. llKnOHATION l'H SAI.LK nk. thT. 

/.<• ('n'nie cifil 


6l — 


























86 


FIGARO ILLUSTRE 


Ociail lc”cr, qui a son prix. Ces lif;urcs qui. du sol. paraî¬ 
tront à peine perceptibles, ont quatre mètres de hauteur en 
moyenne. La lemme aux cardons, la plu^; ra}''prochée du bord, 
aurait, si elle se levait, plus de cinq mètres, et l'on voit, dans le 
moiil qui llanqiie sur la drt^ite celui de l’afiriculture. et qui sym¬ 
bolise les tleurs et les Iruits de ikjs jardins, des pèches beaucoup 
plus i;rosses qu’une tete tl'iiomme. 

J'ai dit que la partie de dtauie de la composiiitjii de M. .\lai- 
i’uan était ctmsacrée à riiorticulture. C'est ce morceau i|ui 


sera certainement le plus .uoûté de tout l'ensemble. En saisira- 
i-on. du plancher de la salle. lc.s tincsses? .l'ai grand'pcur qu'a 
cette tmorme distance tout ne se brouille. En tout cas. 1 cMet 
des colorations, vues de près, est charmant. C'est une harmo¬ 
nie de bleus et clegris.de mauves et de roses, dont la douceur 
mourante est exquise l’.i le sujet, présenté avec inhniment de 
goût, ajoute encore au plaisir. .Iugev,-en. 

Dans un vaste jardin, borné par un rideau de lines char- 





IH‘C011.\M(>N t>K I,.\ s.Vl.LK Ui:S t'KTKS. l'ANMJAi CKXTII.VL 
/ r Vin, le I{fc 






.\i.ia: irr m\! r,\ w 


énorme corbeille, qite dis-je? un véritable champ de rhododen¬ 
drons, et, sur ce tapis délicat, dirigeant d'une main sûre le 
tuyau de sa lance d’arrosage, une jeune lemme dont la toilette 
légère s'assortit aitx colorations nuancées du champ de Heurs. 

('.e n'est pas tout. Pour varier le motil de couleurs et corser 
le pittoresque de la scène, l’artiste a imaginé un eti’et de litmière 
qui transforme en un élégant arc-en-ciel la nappe d'eau échap¬ 
pée du tuyau d'arrosage. lènHn. pour meubler la composition 
sur le devant, il y a mis un groupe de femmes assises, leur 
tâche terminée, près des paniers oit s'entasse leur récolte de 
fruits, poires et pèches, abricots et prunes. Le contraste de ces 
cohmations vigoureuses avec les colorations tendres des tieurs 
est parfait. 


Je ne vois qu un reproche à adresser à l'artiste ; c’est le 
délaut d unité introduit dans sa composition par le groupe de 
jeunes lemmes en toilette de ville, dont les élégances tranchent 
péniblement sur la note apaisée et rustique du reste. (>e groupe 
a une laison d être, il est vrai ; il symbolise et il rappelle la 
xigne. .1 aurais prétéré. quant à moi, un groupe de moisson- 
neuis bu\ani a plein verre la piquette qu'il est d'usage, dans les 
campagnes, de servir a tous les ouvriers de la moisson. 

Nous n avons vu jusqu'ici que des artistes opérant suivant 
les habitudes reçues et par les procédés habituels. M. Roche- 
giosse nous met en présence, au contraire, d'une tentative 
nou\elle. landis que les autres, dans leur décoration, emploient 
des demi-teintes et recherchent des cH'ets de contraste qu'ils 














FI G A R 0 I LL r S T R F. 


^7 


obiicnnciii pai ia juxiaposiiion de noies de lumière ei de notes 
d ombre x i^ouieusemeni accentuées. M. lUochegrosse s'est dit 
qu'à la distance où sa peinture serait vue. les notes d'ombre 
coulaient t^iand lisque de taire tache, et des taches d'un noir 
impéneiiable, qui desaccoidoraient 1 ensemble et en détruiraient 
tatalemeni 1 haimionie. Il s est souvenu, en même temps, que 
l'impresuonnisme, en supprimant du tout au tout les notes 
d ombie et en n usant, dans 1 exécution, i.|ue de tons purs sans 


mélanqe aucun des couleurs, arrivait à une intensité lumineuse 
assez, rare. 

Le reproche communément adressé à celte école de sup¬ 
primer le dessin et de le remplacer par la tache n'csi valable 
qu en ce qui concerne le tableau de chevalet, ('e procédé con¬ 
vient. en etlet, à merveille à la peinture décorative, toujours 
hors de portée de nos yeux. L'éloiLtnemeni unilie et Tond les 
couleurs, quelque séparées qu'elles soient dans l'exécution. Les 



CIvI,.- hW.,l-ih. .•Vl.liKIlT .MAli;\.\N. DI.COlîAIIO.N lUC I.A S M.I.U DKS MfliS. l'AN.N'KAU CKNrlIAI. 

I r nh'. li < /.' pi’il' i 


notes les plus vibrantes s'v harmonisent; elles x piennent une 
douceur apaisée dont on ne les croirait pas susceptibles, et 
l’eifet v gagne en intensité et en charme. 

h'ort de cette observation, il a traité suivant la méthode 
impressionniste la partie décorative qui lui rexenait. Le pio- 
cédé qu’il a emplox'é dillère néanmoins queKiue peu de 1 im¬ 
pressionnisme tel que nous le c<mnaissons. S il a usé. dans les 
ombres aussi bien que dans les clairs, de couleurs posées a 1 état 
pur. sans cuisine de palette, sans mélangé, pour faiie Lhaniei 
les pénombres au lieu de les assourdir, il n a employé pouitani 
ni la tache, ni le point, ni la virgule, et son exécution s est 
caractérisée par un svsieme de hachures analogue a celui des 
tailles et des contre-tailles du burin. Dans 1 esquisse, qui a passé 


sous mes veux, l'etiei de couleur cl de lumière est absolument 
séduisani. Nul doute que la même séduction ne subsiste dans la 
composition déliniiive. car le procédé était on ne peut plus 
visible dans l'esquisse, tandis que dans l'ceuvre dernière il dis- 
paraiira. vu la distance, et restera insaisissable pour l'ieil. Ajou¬ 
tons d'ailleurs que rexécuiion en a été conduite par l'artiste 
avec un tact et une modération qu'on souhaiterait, dans l'appli¬ 
cation de leurs principes, aux maîtres même les plus qualiliés 
de ri m p re ss i o unis m e. 

Ceci dit sur l'exécution, passons à la composition du mor¬ 
ceau. 

l.e sujet, un peu bizarrement mêlé, se résumait ainsi : 
Ar/aée.v de terre et de nier, (.olonies, Heaiix-Arls, Ih'gièiie et 


— Oa 





















FIGARO Il.LrSlRf-: 


.SX 



Assislancc publique. Faire un loin de ces élénieius incohérents 
était déjà dillicile, mais la dilliculié s’augmentait de la nécessité, 
imposée à l'artiste, de rappeler, dans la pré- 
sentaiidii des armées de terre et de mer. la dis- 


ition des drapeaux de i.SXi. 
e exigence l'a gêné sérieusement, 
elle ne le menait à rien moins 




AI.UKK'I' MAHiNAN 


- DKCORATION DK LA KAI.I.K DKS FlVniS, l'ANNKAU DK OADCIIK 
Im Peche, le Cidre, la Cueillette 


^. qu a lui laire mat 
partie de son 
l’espace Vlont il 
Or, il lui semblait, au 
élément d'intérêt de son 
révocation des Beaux-.-\rts 


^cr, par cette seule 
programme, tout 
pouvait disposer, 
contraire, que le gros 
sujet consistait dans 
tenait à taire de 


Cliché Cernit/ue J' Fila. 

ALIitÀitT MAIGNAN. dkcohatioa’ dk i.a sallk dks KiirKs, i-a.nauai: ok duoiik 

l.e.c Jardiu!!, les Fruits 


'4 
























FIGARO ILLUSTRÉ 


8o 



li. H( KJUlCdHOSSK. — OKCOHXTION DK I,A SAM,K DKS riiTHS. — PANMÎ.M; CIÎM IIM, 

/.(■.« Hfau.r-Art.< 


ce morceau le point central de sa composition. L'hygiène et 
l’assistance publique occuperaient l'e-xtrémiié droite. 11 fallait 
à tout prix enfermer la distribution des drapeaux dans l'extré¬ 
mité gauche. 

Pour V arriver, il a représenté en perspective oblique les 
tribunes de Longehamps. 

Au pied de ces tribunes, encombrées de personnages othciels 
et de public de marque, égayées par un joyeux bariolage de 
drapeaux, il a groupé au premier plan, sur le sol, des repré¬ 
sentants de toutes les armes, ('.uirassiers et dragons, fantassins 
et hussards, matelots et artilleurs, infanterie de marine et 
turcos, spahis et tirailleurs soudanais, tous les costumes et 
tous les tons de couleurs réunis dans un étourdissant pèle-méle 
que la présence des troupes, dans le lointain, corrobore, sou¬ 
tient et explique. 

.■\u milieu, les Reaux-.-\rts, caractérisés par une réunion de 
jeunes gens et de jeunes femmes aux toilettes esthétiques, dans 
un paysage parisien qui semble être un de ces vieux jardins de 
Montmartre d’où la vue plonge au loin sur Paris. Au centredela 
composition, un musicien tire de son violon des accords dont une 
jolie personne, à longue robe de brocart, est charmée ; assis à 
son chevalet, un jeune peintre fixe sur une toile le décor; un 

sculpteur admire 
un torse antique, 
et un Botticelli 
m O n t m a r t r O i s 
esquisse une des 
poses classiques 
de la danse. 

La partie, à 
mon gré, la meil¬ 
leure de la com¬ 
position, parce 
qu’il ne s’ymêle, 
com medanscelle 
que je viens de 
décrire, aucune 
trace d’ati'ecta- 
tion et de re¬ 
cherche , parce 
qu’elle est, d'au¬ 
tre part, mieux 
meublée, inspi¬ 
rée plus directe¬ 
ment par la vie, 
est le morceau de 
droite, consacré 
à l’iivitiènc et à 


l’assistance publique. Le paysage dans lequel elle s'encadre, très 
nature, est baigné d’une lumière charmante. La maison, h()pital 
ou maison de retraite, qui s’aperçoit, entourée de verdure, dans 
les fonds, et qu’un joli coup de soleil illumine, est agréable et 
plaisante au possible. On entrevoit aussi, à distance, une 
escouade de jeunes gens, en costume de gymnastes, exécutant, 
sous la direction d’un prévôt, des mouvements d’ensemble ryth¬ 
més, qu’on sait gré à l’artiste d’avoir reléguée loin de l’ceil, dans 
les fonds. Les premiers plans, occupés par un joli tableau de 
famille, enfants en bas âge et nourrices, ont un bel accent de 
vérité. L’extrême droite, enfin, n’est pas moins attrayante avec 
son groupe d’internes et de médecins occupés, autour d’une 
génisse, à recueillir le vaccin qui va immuniser dans leurs jeunes 
années les enfants. Tout cela est fermement écrit, bien planté, 
ingénieusement composé, doux et fin de colorations. C’est par¬ 
fait. 

Nous arrivons à la quatrième portion de la coupole : For^'cs, 
Mines, Fleciricité, Génie civil, (üormon invenit et feeit. 

Impossible à ce dernier de se tenir aussi près de la réalité que 
les autres. L’obligation, aussi impérieuse pour lui que pour eux, 
de réserver dans sa composition de grands pans de ciel et de 
concentrer la presque totalité de ses motifs sur les deux premiers 
plans, lui inter¬ 
disait de s’inspi¬ 
rer directement 
de la nature. Le 
travail des mi nés, 
par exemple, qui 
peut fournir dans 
un tableau des 
motifs on ne peut 
plus pittores¬ 
ques, ne pouvait 
se caractériser, 
avec des exigen¬ 
ces comme cel¬ 
les-là, que par 
les produits qui 
en sortent et l’u¬ 
sage qu’on fait 
de ces produits. 

La variété, d’au¬ 
tre part, et la 
multiplicité des 
industries élec¬ 
triques en fai¬ 
saient une ma¬ 
tière assez dillici- 


(t. tîOCllKGllOSSK 

inl'DK POUR LA OKCOUATION I)K LA SALI.U Dl;S l-lh KS 




G. HOCIIEtUîOSSI-: 

KTUDE POUR LA DÉCORATION DK LA SAl.l.K DKS I-LTUS 


- 6.^ — 






















90 


h'KlsX RO ILLUSTRE 




Icnicnt malléable, et le travail des forges, au lieu d'éire repré¬ 
senté, comme il sied, dans l’intérieur empoussiéré d’une usine, 
devait être représenté au grand jour. 

M. Cormon avait donc bu'te alfaire, et 
c’est miracle qu'il se soit tiré avec autant 
de liberté d’un sujet aussi périlleux. 


Il a relégué, sur la gauche de sa 
composition, l’éleciriciié et les indus- 


(i. liOCIlKcntOSSE. — ni:fioiiATH)N ni-: i.a sai.i.k i>i:s i-kti;s. l•A^^KAL• dk «ai'ciik 
Arméru de terre et de mer. Colonie.^. Distrihution des drapeaux au J'i juillet ISSt 


tries qui en dérivent, concentré le travail des lorges cl des mines dans le 
milieu, réparti le génie civil sur la droite. 

I.'électricité forme un groupe assorti avec un rare bonheur. A la lumière 
des lampes à incandescence 
suspendues, tout en haut de 
la composition, au sommet de 
mats gigantesques, on voit 
une automobile, portant un 
groupe élégant, glisser à toute 
vitesse sur le sol. Devant elle, 
un ouvrier en manches de 
chemise soulève avec ellort le 
levier d'une puissante dyna¬ 
mo, et, du côté opposé, un 
gianipe appétissant de jeunes 
beautés se livre aux douceurs 
de l'envoi d'une dépêche et 
de la communication télé¬ 
phonique. Assises à une table, 
deux d'entre elles tapotent à 
coups redoublés sur le clavier 
d'un appareil transmetteur ou 
déianileni le long ruban bleu 
piqué, par l'appareil récep¬ 
teur, de signes cabalistiques. 

Au premier plan, un télépho¬ 
niste, debout à côté de son 
tableau, approche de son 
oreille le caoutchouc cerclé 
de métal oti la voix de l'a¬ 
bonné se répercute. Comme 
mise en scène ci comme e.xé- 
cution, ce morceau de l'élec¬ 
tricité est parfait. 

Dans la portion centrale, 
forges et mines, mais surtout, 
à vrai dire, les forges, car la 


l’.. HOr.ma'iUOSSK. — KUDK |■(il a i.a DKCOaMIO.N IIK I.A SALLK DKS l lViKS 


00 













































FIGARO ILLUSTRE 


91 




mine n'y figure que sons la (orme restreinte du combustible 
qu'on vient d'en tirer pour alimenter les fournaises où lentcmeiTt 

se liquélie le métal, et qui porte au blanc 
le fer en barres. Tandis que dans le ciel 
i;ris dont les profondeurs, à l'approche 
de la nuit, s'eniénèbrent, les hautes che- 


torse nu, lève le marteau et l'abaisse, en mouvements cadencés, sur l'enclume. 

A l'extrémité droite, les travaux du s;énie civil chemins de fer, construction 
de ponts métalliques, chaudières de bateaux à vapeur, construction d'édifices sont 
rappelés par une série de travailleurs épars sur les berges de la Seine, au droit du 

pont de la Tournelle. Le décor, qui 
représente le panorama de la rive 
gauche, dominé par la tour de 
Sa i n t- N i co 1 as-d u - ( i h a rd o n n e t, est 
fort plaisant à r(eil dans l’harmonie 
de gris légers de son ciel. Au 
second plan, le cours oblique du 
Heuve, traversé par un pont métal¬ 
lique. et ses eaux, sillonnées par 
des chalands à vapeur et de coquets 
bateaux-mouches, disent déjà toute 
une série de travaux que les ingé¬ 
nieurs, d’habitude, exécutent. Au 
premier plan, de robustes ouvriers 
chargent de houille les wagonnets 
d'un petit train dont la locomotive, 
sous pression, (urne et crache. 
Totit auprès, de lourds débardeurs 
combinent leurs efforts pour faire 
glisser sur des rouleaux de bois l’é- 
norme masse d'une pierre détaillé. 

Voilà nos descriptions termi¬ 
nées. Lllesfeixjiit comprendre aisé¬ 
ment t(jute la peineque cescompo- 
sitions. au programme surchargé, 
ont dû coûter aux artistes. Ce n’est 
pas un mince mérite pour eux d’a¬ 
voir réussi à traduire en composi¬ 
tions vives et claires ces sujets aux 
thèmes compliqués, lèn recueille¬ 
ront-ils. au point de vue moral, un 
prolit proportionné à leur peine ? 
C’est ici que la question devient 
douteuse. J’ai grand’peur pour eux 


minées vomissent leurs fumées et leurs 
flammes, une équipe de forgeurs, au 


G. ROCHKGHOSSK. — dkcohation dk i.a sai.i.k diîs im'tes. i-annhai' nu nnoniî 

et As!!i.<taiice publique 


(I. ItOCItKGliOSSK. — ÉTUDES l’Ofll I. \ dÉi OUA IKl.V DB I.A SAI.I.E DES l••ÉTI•;S 

































92 


FIGARO ILLUSTRE 


que leur travail, à rinvraiseniblablc distance où il sera placé, ne 
SC lise pas. Non seulcineni on n’en percevra pas toutes les nuances, 
mais il me parait impossible tiu’on en pers’oive nettement les 
grandes lignes, ilc n’est pas du sol qu’il faudra chercher à les voir, 
maisde la galerie intérieure qui fait letour, au-dessus des arcades, 
delà salle. Vouloir s’en rendre compte autrement sera enfantillage 
tout pur. On ne distinguera, à trente mètres, qu’un fouillis plus 
ou moins séduisant, mais kaléidoscopiL|ue certainement, de taches 
variées. Quelque lumière que doive déverser sur ces taches la 
coupole vitrée qui les recouvre, on ne se retrouvera, au milieu 
de ce confus bariolage, qu’au moyen d’une forte lorgnette, hntcore 
faudrait-il, potir bien voir, imiter ce touriste londonnien qui, 
pour contempler le plafond de la Sixtine, s’étendit délibérément 
sur le dos. Le moven, sans doute, est praticiue, mais la réalisation 
n’en est pas commode dans une foule, et, le fût-il, l’exemple n’en 


serait pas contagieux. On ariVonte volontiers la haine; on ne se 
couvre pas, sans bonnes raisons, de ridicule. 

Mais nous n'avons pas tout dit sur la décoration picturale de 
la salle. (Kiirc les grandes compositions de Flameng, de Maignan, 
de Cormon et de Kochegrosse, elle renferme une foule de mor¬ 
ceaux d’importance secondaire. Dans les voussures de pénétra¬ 
tion des arcades, force médaillons symbolisent les Saisons et les 
Mois. Le l^rintemps y a été figuré par M. Hirsch, l’Kté par 
M. Maillart, l’Automne par M. Suraud, l’Hiver par M. 'rhirion. 
(^uant aux MoL-, ils se sont groupés trois par trois, M. Mengin 
s’est chargé de nous traduire .lanvier, Févrieret Mars; M. Berges, 
.Avril, Mai et Juin; M. Tournier, Juillet, .Août et Septembre; 
M. Georges Sauvage, Octobre, xNovembre et Décembre. Ajoutons 
à ces noms, pour n'oublier personne, ceux des quatre sculpteurs 
auxquels on doit les grands médaillons intercalés entre les com- 



iiiiM OMi-: UK r, Kxl’o.si 1 lo.v r.MVKRsiai.H 1)1-; l'.loo.— I)i;ssiii di’.\I. Camille Boigiiard 






A m 












positions décoratives de la coupole, M .AL Manigliei, Leioux, 
l’héophile Bareau et Holard. 

Supposons maintenant que de l’entrée principale, celle qui don ne 
sur le Palais de l’IGectricité, vous pénétriez par l’escalier d’hon¬ 
neur dans la salle, vous verrez juste en face de vous une immense 
tribune, la loge présidentielle. F.lle sera flanquée, a dioite, d un 
grand orgue, et, à gauche, d’une horloge monumentale. Pour 
loger enfin les 20.000 personnes que la salle, au diie des aichi- 
tecies, doit contenir, quatre travées de gradins, disposées en 
amphithéâtre, s’ouvriront de chaque coté de la porte en un 
majestueux éventail. S il a lieu de [■'réx'oir une atlluence encoie 
plus considérable, des fauteuils pourront être disposés au pied 
des gradins, sur le par^-iuet de la salle, h.t, comme la tribune pié- 
sidentielle, à elle seule, est à ntéme de contenir dans les quinze 
cents personnes, vous jugerez de la cohue qui s entassera dans la 
salle des fêtes aux grands jours. 

Ces jours-lâ, vous ferez bien, si vous le pouvez, de promener 
dans d'autres parties de l’ICxposition votre curiosité, car on 
s'écrasera ferme à la sortie de cette serre gigantesque. On y 
respirera d’ailleurs très mal. Si puissants que soient les ven¬ 


tilateurs destinés à y changer l’air, ils n’v importeront qu’un air 
raréfié, puisé dans la galerie des machines et surchargé, comme 
il est naturel, de poussières dont les organismes les plus sains ne 
s'accommoderont, quoi qu'on en dise, qu’avec peine. 

Reste un dernier danger, plus sérieux, et qu’on nous saura 
gré de signaler. Transformée en galerie de l’alimentation, la 
galerie des machines s’est meublée d’une multitude de baraques 
où les produits, tant étrangers que français, seront exposés d’une 
façon évidemment pittoresque, mais éminemment inquiétante. 
()u’une étincelle, un jour de grande fête, vienne à tomber sur une 
de ces coquettes maisonnettes dont la toile peinte et le bois font 
les frais, vous verrez l’admirable flambée que feront ces joujoux 
de Nuremberg. F]n cinq minutes, ce serait un incendie colossal 
dont on ne dénombrerait pas les victimes. Mais ne soyons pas 
prophètede malheur. On a dû. au commissariat général, envisager 
d’avance le danger; on a dû, de toute nécessité, v parer. Ni sur¬ 
veillance, ni mesures préventives ne manqueront. Mais les 
spectateurs feront bien, par surcroit, de se prémunir eux-mémes. 
SoLivcnez-voLis du bazar de la Charité, et veillez. 

FR. 'r HIF B A G Ll'-S IS S O N. 



























BENJAMIN-CONSTANT 

A l’Exposition Décennale 


P ARMI les envois les plus si^niticaiifs de l'an Iran^'ais à 
l’EAposition décennale, les huii loiles de M. Beniamin- 
Consiani Hxeroni tout paniculièremeni l’auention par 
les multiples qualités de forme et de pensée dont elles 
font preuve. La Ionie et les délicats v trouveront également de 
quoi satisfaire leur idéal. Aux uns, le grand peintre offrira cet 
élément d'humanité, cette clarté dans l'idée que l'on ne saurait 
lui refuser; les autres trouveront chez lui un sens de l'élégance 
et de la ligne, nne abondance de coloris que semblent lui avoir 
légués les grands maitres du passé. 

Assurément l'art de M. Henjamin-CJonstant est déjà fort 
connu de tous par ses envois annuels aux Salons et à de nom¬ 
breuses expositions particulières l'activité du peintre est, en 
effet, prodigieuse et son labeur incessant ; mais l'on pouvait 
craindre, dans une certaine mesure, que ses tableaux de la 
Décennale n'aioutassent rien à sa gloire. Tel n’est pas le cas. Kn 
groupant quelques-unes de ses letivres les plus caractéristiques, 
en choisissant dans ce vaste ensemble de portraits de tous 
genres ceux ciui portent l'empreinte la plus précise de sa forte 
personnalité et où toutes ses qualités se manifestent avec le plus 
d'harmonie, M. Benjamin-Constant se révèle au contraire plus 
grand artiste 
que jamais et 
nous fait ou¬ 
blier — quel 
est donc l'ar¬ 
tiste qui fut 
toujours égal 
à lui-méme r — 
certains por¬ 
traits moins 
réussis ou cer¬ 
tains tableaux 
iTioins heureu¬ 
sement com¬ 
posés. C'est 
donc l’art de 
M. Benjamin- 
Constant sous 
son jour 1 e 
meilleur, tel 
peut-être qu'il 
survivra, que 
nous P O U - 
vous admirer 
au j O U rd' hui. 

'fous les as¬ 
pects les plus 
variés de son 
talent appa¬ 
raissent claire¬ 
ment en ces 
huit toiles. 

N’oici tout 
d'abord une 
grande et forte 
com position 
décorative qui 
marque bien, 
avec les belles 
œ U r e s d e 
rOpéra-Comi- 
que, l'éclosion 
complète de 
l'art de M. Ben¬ 
jamin - Cons - 
tant CO m m e 
décorateur. 

C'est ici l'Eu- 


trve di( pape Ei haiu II à Tou/oiise, où le peintre a représenté, 
avec une extrême puissance de coloris, un de ces papes guer¬ 
riers tout en armes, comme en vit le moyen âge, qui che¬ 
vauche, précédé d'une châsse étincelante, parmi les ors et les 
brocarts, au milieu des cardinaux, des évêques et des soldats. 

Ce qui intéresse à juste titre lorsqu'on regarde ces deux 
grandes toiles destinées à la Calerie des Illustres du (ùtpitole de 
'Eoulouse, où ligurent déjà certaines (uuvres capitales de l’art 
français moderne, c'est que le peintre s'est justement inspiré des 
deux principes essentiels de la grande décoration. Tout d’abord 
l'ieuvre attire par son unité, aussi bien de composition que de 
couleur; une impression d'ensemble des plus nettes s'en dégage, 
et on a la sensation que, mise en place et vue dans l'éloignement 
qui lui convient, elle ne fera que gagner encore. Cependant le 
peintre n'a sacrifié aucun détail de son tableau à son désir de 
réaliser un tout harmonieux et décoratif. L'Entrée d'Erbain II 
peut aussi bien être examinée de près que vue dans son ensemble, 
et au seul point de vue de la grande décoration. Car, et les maitres 
du xv<= et du xvu' siècle le prouvent surabondamment, on peut réa¬ 
liser une belle décoration sans pour cela négliger, comme trop de 
peintres seraient tentés de le croire, tous les détails. L'teuvre de 

M. Pienjamin- 
("onsiant con¬ 
tient différents 
imirceaux que 
l'on n'oublie 
pas, et, avant 
tout, le groupe 
du pape à che¬ 
val, si vivant 
dans ses gestes 
et ses mouve¬ 
ments et si vrai 
dans sa re¬ 
constitution. 

M. Benja¬ 
min - Constant 
est, avant tout, 
un grand por¬ 
traitiste, l'un 
des peintres 
I r a n y ais de 
notre temps 
qui savent ren¬ 
dre la phvsio- 
nomie humai¬ 
ne avec toute 
sa force ex- 
[M'essive et pé¬ 
nétrer avec le 
plus de subti¬ 
lité l'âme de 
leur modèle, 
qualités qui 
n'apparaissent 
jamais plus dis- 
tinctementque 
lorsque le 
peintre repré¬ 
sente des vi¬ 
sages qui lui 
sontt amiliers. 
Tel fut, du 
reste, le cas 
de tous les 
maitres, de 
R e m b r a n d t 
peignant les 
membres de sa 



— G() 












FI G A RO I LL (JS T R F 


î)4 


laniillc, de Rubens reconimen(;ani plusieurs t'ois des portraits 
de sa femme, de 'Fitieii représentant la b'Iora. Aussi trouverait- 
on dillicilemem, dans Tteuvre de l>enjamin-Consiani, une pat;e 


plus belle que celle où il s’est plu à représenter ses deux fils. 

depuis, hélas! séparés par la mort. 

l.c portrait de Madame von Derwies ligurait au dernier 




Salon. C'est une teuvre très brillante, pleine de belles trouvailles 
et d’une allure décorative incontestable. L’artiste a très habile¬ 


ment gradué les difleretns jaunes du paysage et de la robe, cette 
dernière d’une abondance et d’une souplesse de plis dignes des 


70 














FIGARO ILLUSTRE 


9 ^ 


plus grands maîtres du portrait, l.a beauté- des éttdbes ne lui a 
pas fait négliger les chairs de son modèle, qui sont d'une beauté 
toute Hamande. 

■M. Pjenjamin-Con.stant, qui est à ses heures un excellent cri¬ 
tique. écrivait tout récemment dans une grande revue anglaise 
à propos d'un portrait de (iladstone par Millais, ces lignes d'une 


esthétiiiue et d'un sens si profonds : >< La peinture n’est qu'une 
manière d'exprimer la vie, et l'artiste qui ne sc soucie que de 
la technique seule doit forcément renoncer à observer... Ne 
cessons jamais de répéter cet axiome : tout repose dans l'étude 
de l'individualité. » 

Il me semble que ces lignes expriment lort bien l'idéal 





J ‘J nfitJnmin-ConsUmf .pinx. 


(.'h'eltr tttuuu, f'hhitfni ('10. 


I lilJ.MN II >l)rfaa 


de M. Benjamin-CLonstant. et qu'elles peuvent s'appliquer a 
des (cuvres comme les portraits de Mademoiselle Calvé, de 
Madame von Derw ies. de Madame (jlaenzcr. de .Madame Lau¬ 
gier et delà Reine d’.\ngleterre. (Le ne sont pas là seulement 
des toiles somptueuses et riches, élégantes et gracieuses, pleines 
de noblesse ou d'abandon, ce sont des ceuvres vraies et qui 
témoignent d'une étude scrupuleuse de Viudividuahté. .Aussi 
peut-on leur prédire qu'elles resteront comme une vision réelle 


et vécue de l'humanité de notre temps, qu'elles représenteront 
fort justement aux veux des générations futures, un type parfait 
de la légende du xix'-’ siecle, et qu'elles mériteront entre toutes 
d'etre appelées — hommage suprente que M. Benjamin- 
Constant décernait au portrait de Ciladstone par Millais : — 
une pa^c d'histoire. 


IIKNRI FRAN'rZ. 

































.1 . - .1. 1^, N .1 A M I X - C O X S'f A X I 



Diroclmir : il. il.V.NZl. 


il.VN^i. JoVA.Nr ..V C“, .isiiii-re? 


Lü GêiMiit : G. liLÜNUlN. 


/ 














































LE VILLAGE SÜISSE 



MAISONS DK HKU.NK 



L e Village Suisse qui occupe, derrière la Clalerie des Machines, 
un terrain de vingt et un mille mètres de superlicie. relie par 
une passerelle à l'enceinte officielle, sera l'aiiraction à la fois la 
plus originale, la plus 
artistique et la plus 
grandiose de l'ifx- 
position ; les travaux 
de construction, au¬ 
jourd'hui complète¬ 
ment terminés, ont 
été menés activement 
pendant plus de trois 
ans. Les auteurs du 
projet, .MM.(éh. 11 en- 
neberi: et .1. Aile- 
mand, ont su con- 
c e n i r e r d ans 1 e u r 
admirable reconsti¬ 
tution toute la svn- 
thèse de l'intéressant 
et original petit pays 
qui nous avoisine. 

Le Village Suisse 
représente la Suisse 
telle qu'elle est : mai¬ 
sons, chalets, arca¬ 
des, boutiques, Ltn- 
tainesom été amenés 
à grands frais des 
vallées de rifngadinc, de Gruyère, du \ alais; les rochers mêmes 
viennent de Suisse, authentiques ou moulés dans la haute Alpe. 

Les photographies que nous reproduisons ci-contre ont été prises 






>• 






"5?^ j 




CIIK.MIN OK I.A CASCADi: 


au X'illage Suisse le mois dernier; elles donnent une idée parfaite de 
l'oeuvre gigantesque qui a été accomplie, celle qui consiste à trans¬ 
porter des montagnes. Les travaux n'étaient pas alors'complètement 

terminés, et les trois 
cents habitants venus 
de Suisse.qui s’v trou¬ 
vent aujourd'hui, ne 
peuplaient pas encore 
les maisonnettes et 
les chalets du Villaue. 
Mais maintenant, les 
bergers et leurs trou¬ 
peaux qui animent ce 
cadre si pittoresque, 
U n e c a s c a d e q U i t O m b e 
d'une h a u t e u r d e 
trente-deux mètres et 
met en mouxement 
une scierie, la végéta¬ 
tion alpestre, la vraie 
nature sent[''uleuse- 
ment reproduite, tout 
contribue à donner 
l’illusion de la Suisse, 
et le visiteur se croit 
transporté hors de 
b'rance alors qu’il est 
en plein Paris. 

Au milieu du brou¬ 
haha fatigant de l'Ièxposition, de la poussière et des charivaris, ce 
coin tranquille fera les délices du visiteur lassé qui viendra s'y 
reposer dans la paix et le calme de la grande nature. 



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